Chroniques dérangées d'une jeune fille en hibiscus.

Mère appelle derechef  la sienne pour lui souhaiter à son tour la bonne fête.
J'entends la conversation qui tourne à l'angoisse mâtinée d'un peu d'inquiétude.
- Ce qu'elle va faire aujourd'hui? Oui, elle va réviser.
Hahahahahahaha, décédée de bidonnage. Trop pas. Réviser.
- Oui parce que ça approche, le bac.
Pinaiise, qu'est-ce qu'elle m'horripile lorsqu'elle me jette ce regard qu'elle croit bourré de complicité alors qu'en fait, non. Genre "moi aussi je suis passée par là..." et tout le toutim.
Je vais m'arracher dans mon poulailler [ c'est à dire: chambre ] pas plus tard que maintenant.

Levage de la bête. Inutile de préciser que la maternelle a la tête dans le derrière.
Grommelle grommelle.
- T'as sorti le chien?
Moi totale gentille:
- Le bonjour, ô éclatante femelle bientôt cinquantenaire de mon coeur. Zieute la table avec tes yeux congestionnés, tu pourra peut être apercevoir ton cadeau wunderbar.
J'ai droit au maxi regard noir. Humpf.
S'en suit un déballement proprement horripilant de papier cadeau. J'explique:
1) Retourner le cadeau avec force précaution pendant au moins 150 ans avant de se décider a décoller les bouts de scotch.
2) Décoller iceux le plus lentement possible, un par un, en essayant naturellement de garder les yeux ouverts et de pas s'endormir.
3) Retirer le papier en le gardant parallèle, avec force pliage.
4) Découvrir son cadeau et paraître aussi jouasse qu'un cycliste en côte sous un crachin battant.

Sans blague, je suis telle la pauvre no life sur son blog à 10h du mat'. Et pas un seul quidam sur msn. Je décide conséquamment de régaler mes oeils d'un épisode de Lost, rapport à la beautitude de Sawyer.
A plus au Paradis.

Levée à l'aube pour cause de fêtage des mères. Sauf que vu à l'allure ou icelle roupille, elle n'aura pas son cadeau avant une semaine. Minimum. Nonobstant, je suis plus très sûre d'avoir fait le bon choix niveau cadeaux [ des bouquins ], parce que se croyant au top de la finessitude, elle m'a calmement sorti hier:
- J'suis pas d'accord avec la critique de ce bouquin. Je ne le trouve pas "hilarant".
Mauvaise pioche, mère. Surtout que je suis l'approvisioneuse en chef rayon bouquins de cette famille et j'apprécie moyen qu'on critique mes choix.
Moi-même:
- Tu sais, si t'aimes pas les livres que j'achète, t'as qu'à t'en acheter toute seule. Avec ta cagnotte personnelle par exemple.
Tentative désespérée de rattrapage par l'autorité maternelle:
- Naaaaaaaaaaan mais c'est pas ça que je voulais dire... enfin, il est bien ce bouquin.. mais bon euh...
Zu spät. J'ai une once de fierté personnelle, quand même.

Je suis pas certaine de sa jouasseté lorsqu'elle découvrira que son cadeau s'appelle "La cinquantaine bien tapée".

Le Bon Soir.